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Berciane.

On a beau tel secret dans les os enfouyr,
L’amour, l'ambition, l’orgueil et la cholere
Sont tousjours sur nos fronts d’une apparence claire.
J’espère en peu de jours que nous viendrons à bout
De ceste confidence, et que nous sçaurons tout.



Scène II

Narbal, Lidias.
Narbal.

Malgré moy persister en ce funeste amour !
Après les droits du ciel l’ingrat me doit le jour.
Toy qui si laschement flattes sa fantesie,
Tu veux que ma raison cede à sa frenesie.
Et, me rememorant ce qu’autrefois je fis,
Tu me veux conseiller la perte de mon fils !
11 est vray qu’autrefois j’ay senty cette flame,
Lorsqu’un sang plus subtil faisoit agir mon ame ;
Esclave que je suis des naturelles loix,
Comme un autre en mon temps de ce feu je bruslois ;
Mais tousjours mes desseins estoient avec licence
Et mes justes désirs pleins d’heur et d’innocence.

Lidias.

Vous en avez depuis perdu le souvenir ;
Mais si les mesmes ans pouvoient vous revenir,
Et qu’en vostre faveur la loy de la nature,
Vous effaçant l’horreur que fait la sépulture,
A vos membres cassez leur force rapportât
Et remit vos esprits en leur premier estat,
Je croy que vos rigueurs changeroient bien de termes
Et que vos sentimens ne seroient plus si fermes ;