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Le feu brusle dedans la glace ;
Le soleil est devenu noir ;
Je voy la lune qui va cheoir ;
Cet arbre est sorty de sa place.



SONNET.


Si j’estois dans un bois poursuivy d’un lion,
Si j’estois à la mer au fort de la tempeste,
Si les Dieux irritez vouloient presser ma teste
Du faix du mont Olympe et du mont Pelion ;

Si je voyois le jour que vid Deucalion
Où la mort ne cuida laisser homme ny beste,
Si pour me devorer je voyois toute preste
La rage des flambeaux qui brusloient Ilion,

Je verrois ces dangers avecques moins d’ennuy
Que les maux violents que je souffre aujourd’huy
Pour un mauvais regard que m’a donné mon ange.

Je voy desjà sur moy mille foudres pleuvoir :
De la mort de son fils Dieu contre moy se venge
Depuis que ma Phillis se fasche de me voir.



SONNET.


Les Parques ont le teint plus gay que mon visage ;
Je croy que les damnez sont plus heureux que moi ;
Aussi le vieux tyran qui leur donne la loy
Des peines que je sens n’a jamais eu l’usage.

Les jours les plus serains pour moy sont pleins d’orage ;