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Qu’il nous travaille plus, moins il a de licence,
Qu’en des baisers permis ceste vertu s’endort,
Et que le lict d’hymen est le lict de sa mort.



ELEGIE, À M. DE M…[1]


Desjà trop longuement la paresse me flatte,
Et je sens qu’à la fin elle devient ingratte ;
J’ay donné trop de temps à mon propre plaisir,
Pour trop de liberté j’ay manqué de loisir.
Je veux effrontement, avecques mon salaire,
Nourrir à tes dépens le soucy de me plaire.
Je ne puis estre esclave et vivre en te servant
Comme un maistre d’hostel, secretaire ou suivant :
Telle condition veut une humeur servile,
Et pour me captiver elle est un peu trop vile ;
Mais puis que le destin a trahi mon esprit,
Et que loing du Perou la fortune me prit,
Je dois aymer mon joug, m’y rendre volontaire,
Et dedans la contraincte obeir et me taire ;
C’est d’un juste devoir surmonter la raison,
Et trouver la franchise au fond d’une prison.
Or je suis bien heureux sous ton obeyssance :
En ma captivité j’ay beaucoup de licence,
Et tout autre que toy se lasseroit enfin
D’avoir si librement un serf si libertin.
Le soin de te servir est ce qui moins m’aflige,
Et l’honneur de te voir est ce qui plus m’oblige.
Ton entretien est doux, agreable et sçavant,
Aux plus doctes discours qu’on peut mettre en avant ;
Tes regards sont courtois, tes propos amiables,

  1. À Monsieur de Montmorency.