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Pour te mettre à la geine.

Le mal devient plus grand lors que nous l’irritons.
Reviens dans les plaisirs que la jeunesse apporte :
C’est un grand bien de voir fleurir les rejettons
Lors que la souche est morte.

Un homme de bon sens se mocque des malheurs ;
Il plaint esgallement sa servante et sa fille.
Job ne versa jamais une goutte de pleurs
Pour toute sa famille.

Après t’estre affligé, pense à te resjouyr :
Qui ta faict la douleur ta laissé les remèdes.
Il ne te reste plus que de sçavoir jouir
Des biens que tu possèdes.

Arreste donc ces pleurs vainement respandus ;
Laisse en paix ce destin que tes douleurs détestent.
Il faut, après ces biens que nous avons perdus,
Sauver ceux qui nous restent.


STANCES.


Dans ce temple où ma passion
Me mit dedans le cœur les beautés de ma dame
Je benissois l’amour, encore que sa flamme
Destournast ma dévotion.
Au lieu de penser à nos Dieux
J’adorois, vous voyant, l’image de Diane,
Et m’estimois heureux de devenir profane
En me consacrant à vos yeux.
Ce fut avec de mesmes traicts
Que la mère d’Amour perça le cœur d’Anchise ;
Suis-je pas glorieux de donner ma franchise,
A la mercy de ses attraits ?
A ce premier ravissement