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La liberalité supresme.
Dieu nous donne par son amour,
Avecques les presens du jour,
Les traits mesmes de son visage ;
Ce monde, ouvrage de ses mains,
N’est point basty pour son usage,
Car il l’a fait pour les humains.

Que le ciel reçoit de plaisir
Alors qu’il voit sa creature
Vivre dans un si beau desir
Et si conforme à sa nature !
Je voudrois bien vous imiter ;
Mais, ne pouvant vous presenter
Ce que la fortune me cache,
Puisque tout donne en l’univers,
Je veux que tout le monde sçache
Que je vous ay donné des vers.



CONTRE L’HYVER.

ODE.


Plein de cholere et de raison,
Contre toy, barbare saison,
Je prepare une rude guerre ;
Malgré les loix de l’univers,
Qui de la glace des hyvers
Chassent les flammes du tonnerre,
Aujourd’huy l’ire de mes vers
Des foudres contre toy deserre.

Je veux que la postérité
Au rapport de la verité
Juge ton crime par ma haine.
Les dieux, qui sçavent mon mal-heur,