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Où faire luyre sa vertu.

Nous croyons que ces revoltez,
À nostre abord espouvantez,
Se defendront mal à la breche ;
Et qui fera comparaison
De vingt canons contre une fleche,
Dira que nous avons raison.



SUR LA PAIX DE L’ANNÉE 1620.

ODE.


La paix trop long-temps desolée,
Revient aux pompes de la cour,
Et retire du mausolée
Les jeux, les dances et l’amour.
Au seul esclat de nos espées
Les tempestes sont dissipées,
Tous nos bruits sont ensevelis :
Mon Prince a faict cesser la guerre,
Et la grace a rendu la terre
Pleine de palmes et de lys.

Notre estat, d’un triste visage,
Desesperé de son salut,
Sans le roy ne trouvoit l’usage
D’aucun remede qui valut :
Grand roy, que vos vertus sont grandes
Et bien dignes de nos offrandes !
Que vos travaux ont eu de fruict !
Toute la terre en est semée,
Et la voix de la Renommée
N’en sçauroit faire assez de bruict.

Et bien ! races desnaturées,
Qu’avez-vous plus à murmurer ?
Les fureurs se sont retirées,