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Pour punir un crime si lâche ;

Aussi quels lieux ont ce crédit,

Où, pour un acte si maudit,

Chacun n’ait droit de me poursuivre ?

Quel monarque est si loin d’ici,

Qui me veuille souffrir de vivre,

Si mon Roi ne le veut aussi ?


Quoi que mon discours exécute,

Que ferai-je à mon mauvais sort ?

Qu’appliquerai-je que la mort

Au malheur qui me persécute ?

Dieu, qui se plaît à la pitié,

Et qui, d’un saint vœu d’amitié,

Joint vos volontés à la sienne,

Puisqu’il vous a voulu combler

D’une qualité si chrétienne,

Vous oblige à lui ressembler.


Comme il fait à l’humaine race,

Qui se prosterne à ses autels,

Vous ferez paraître aux mortels

Moins de justice que de grâce.

Moi, dans le mal qui me poursuit,

Je fais des vœux pour qui me nuit,

Que jamais une telle foudre

N’ébranle l’établissement

De ceux qui vous ont fait résoudre

A signer mon bannissement.


Un jour leurs haines apaisées

Feront caresse à ma douleur,

Et mon sort, loin de mon malheur,

Trouvera des routes aisées.

Si la clarté me dure assez

Pour voir, après ces maux passés,

Un Ciel plus doux à ma fortune,

Mon âme ne rencontrera