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LE TOMBEAU DE THEOPHILE.

Par Monsieur Descudery.


Malgré l’avarice et l’orgueil,
Qui vont s’opposant à ta gloire,
Dans le temple de la Memoire
Je te veux bastir un cercueil ;
Ce tombeau que je te prepare,
Sans estre de marbre de Pare,
Durera bien d’autre façon ;
Il verra finir la nature,
Monstrant par son architecture
Qu’Apollon est maistre masson.

Sans me servir d’aucun metal,
Foullant aux pieds l’or et la nacre,
La fine lacque et l’azur d’Acre,
Qui touchent les yeux du brutal,
Je te consacre un mausolée
D’une beauté plus signallée
Que tous ceux qu’on nous a descrit,
Et dont les raretez sont telles
Qu’on les doit juger immortelles,
Puis qu’on ne les voit qu’en esprit.

Les cedres exempts du trespas,
Que le temps ne met point en poudre,
Et les verds lauriers, dont la foudre
En grondant ne s’aproche pas,