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qu’il vous a obligé si vous ne disiez mal de luy pour estouffer les obligations par vostre ingratitude.

La seconde, que vous désireriez qu’il y eust une inquisition en France pour empescher le cours et l’impression des mauvais livres tel que le sien. Je suis de vostre advis, et adjouste que, s’il y avoit une inquisition en France pour les livres, vos lettres seroient encores dans vostre grenier empaquetées en liasses, car jamais l’inquisition n’eust passé tous vos libertinages et la comparaison que vous faictes d’un de vos serviteurs trop cérémonieux avec le Vieux Testament, rapport qui ressent l’air d’Amsterdam et de celuy qui vous y enseigna de profaner les cérémonies de la Bible, les comparant aux complimens de vos amis.

La troisiesme, que c’est le plus sot, le plus estourdy, le plus indigne de tous ceux qui ont de nos jours mis la main à la plume, qui gaste le françois, qui ne sçait pas le latin, qui n’a pas les principes de logique. Je ne sçay qui vous l’a dit, car, quand vous parlez de logique ou de philosophie, c’est un pays où vous ne fustes jamais. Vous pouvez avantageusement dire avec Socrate : Je ne sçay que cela sealemenl que je ne sçay rien pour toul, car, n’ayant jamais estudié ny en philosophie, ny en droict, ny en théologie, ny en quelque science foncière que ce soit, ayant pour tout vostre sçavoir les seuls restes de celuy que vous raesprisez tant, ayant fait un saut périlleux de la rhétorique jusques au libertinage, qui est quasi le saut de l’alleman ; n’ayant pris qu’à pièces et lopins quelque légère cognoissance des choses esgarées et sans suitte , je ne sçay pas avec quelle hardiesse vous pouvez parler de la logique et de la théologie. C’est comme si je parlois des Topinambous, où je ne fus jamais.

La quatriesme, que ce personnage est si despourveu de sens qu’en trois mots il en dit quatre mauvais. A ce que je voy, vostre dessein est de faire des rencontres et des pointes partout. C’est bien fait, pourveu qu’elles soient accompagnées de jugement, qui ne se trouve pas dans vos lettres. Sçachez que les chardons piquent par