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XXII.
De la mort Loys le premier filz le roy Phelippe[1].

En l’an de grâce mil CC LXXVI, avint que Loys le premier filz le roy Phelippe mourut, et fu empoisonné si comme aucuns dient. Le roy en fu en souppeçon, et ceste souppeçon mist en son cuer Pierre de La Broce son maistre chambellenc ; car il maintenoit et disoit en derriers que ce avoit fait la royne et que elle feroit, se elle pooit, mourir les autres pour ce que le royaume peust venir aus enfanz qui estoient de son corps. La court de France en fu toute esmeue, et en murmurerent plusseurs tant que le roy de France le sot. Quant le roy oy telles paroles, si fu moult pensis qui pooit avoir fait tel traïson, et se pena moult en quel maniere ne comment il le pourroit savoir. Si li fu dit

  1. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 502-503. La traduction française n’est pas littérale. Voir, à propos des enquêtes faites à la suite de la mort de Louis, fils de Philippe le Hardi, les documents publiés par J. de Gaulle dans le Bulletin de la Soc. de l’Hist. de France, 1844, p. 87-100. — Le premier de ces documents qui est une déposition du légat Simon contre Pierre de Benais, évêque de Bayeux, expose avec plus de détails les mêmes faits que G. de Nangis. Le deuxième est un rapport adressé par l’évêque de Liége au roi dans lequel il fait connaître ce qu’avait dit Isabelle de Sparbeke, la béguine de Nivelle. Le troisième est une lettre adressée au mois d’août 1278 par la reine Marie de Brabant au pape Nicolas III, lui demandant la punition de l’évêque de Bayeux qui s’était réfugié à Rome. Le premier seul de ces documents a été publié à nouveau par L. Delisle, dans le Cartulaire normand, no 927. Cf. Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 22-27.