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avoient esté aportez de si lointaines terres. Quant il furent près et aornés, le bon roy Phelippe prist son pere et le conduit droit à Nostre Dame de Paris avec les autres qui estoient mors en la voie de Tunes. Si leur chanta l’en les vigiles hautement et bien, et avoit grant foison de luminaire entour les bieres embrasé, a grant compaignie de noble gent qui toute nuit veillierent jusques au jour. L’endemain à matin[1], le roy Phelippe prist son pere et le troussa sus ses espaules et se mist en la voie tout à pié à aler droit à Saint Denis. Avec lui furent grant plenté de nobles de France qui avec li estoient. Toutes les religions de Paris issirent hors ordenéement a grans processions, disanz leur service des mors en priant pour l’âme du bon roy qui tant les amoit. Evesques, arcevesques, abbés furent revestuz ; les mitres es testes, les croces es poinz alerent après en bonne devocion disanz leurs prieres et leurs oroisons. Tant alerent pas avant autre qu’il vindrent à Saint Denis. Mais avant qu’il venist à la ville, le convent li vint à l’encontre, et furent touz les moines revestuz de chapes de cuer, chascun i cierge ardant en sa main, et reçurent humblement le corps monseigneur saint Loys. Si comme l’en vouloit entrer ou moustier, les portes furent closes contre leur venue. La cause fu pour ce que l’arcevesque de Sens et l’evesque de Paris estoient revestuz de leurs garnemens pour le corps du saint roy recevoir et de ses compaignons. Mais les moines de Saint Denis ne le porent souffrir pour ce

    La traduction n’est pas littérale. Des faits sont amplifiés ou retranchés. Cf. Chronique de Primat, ibid., t. XXIII, p. 87-88.

  1. La Chronique latine de G. de Nangis (éd. H. Géraud, t. I, p. 239) dit que cette cérémonie se fit le vendredi avant la Pentecôte, soit le 22 mai 1271.