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qu’il vindrent à Rome[1]. Ilec sejourna i pou de temps et requistrent les apostres et les sains, et puis s’en alerent droit à Viterbe[2] là où la court estoit ; mais il n’i avoit point de Apostoile, et estoient les cardinalz en grant descort pour faire Apostoile. Pour ceste chose il furent enclos et enserrez en une sale, et leur dist l’en bien que jamais n’istroient jusques atant que il aroient fait nouvel pape. Le roy Phelippe pria et admonnesta pour Dieu et pour le profist de leurs ames qu’il feissent hastivement tel pasteur qu’il fust profitable à sainte Eglise gouverner, et baisa chascun en la bouche en remembrance de pais et de franchise, et qu’il ne meissent en oubli l’amonnestement que il leur avoit dit.


XII.
Comment Gui de Monfort occist Henri le filz au roy d’Alemaigne pour la cause qu’il avoit occis Symon de Monfort conte de Lincestre son pere[3].

Avant que le roy de France venist à Viterbe, ne qu’il fust en la ville entré, Henri le filz au roy d’Alemaigne vint en la cité. Gui de Monfort sot bien sa ve-

  1. Ils allèrent à Rome en passant par Ferentino ; latin : « per urbem Ferentini venit Romam ».
  2. Cf. la lettre écrite de Viterbe le 14 mars 1271 par Philippe III à Mathieu de Vendôme et à Simon de Nesle, dans Spicilegium, t. III, p. 670.
  3. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 484-485, et Chronique latine, éd. H. Géraud, t. I, p. 241-242. Cf. Chronique de Primat, ibid., t. XXIII, p. 86. Flores historiarum, éd. Luard, t. III, p. 21, 29, 30. Voir aussi sur ce meurtre Ch. Bémont, Simon de Montfort, comte de Leicester, p. 252 à 255.