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Tunes plus tart que nulz des autres ; et estoit ja pais faite quant il vint ; si ne volt pas retorner en son pays devant qu’il eust esté en la terre de Surie et qu’il eust son veu acompli s’il peust. Il s’en passa outre en la Sainte Terre et amena avec lui chevaliers de France qui bien vouloient souffrir paine pour l’amour de Nostre Seigneur. Si arriva devant le port d’Acre, car à autre port ne pooit-il seurement arriver, pour ce que le port[1] de Jherusalem et toute la terre de Surie estoit sourprise et occupée des Sarrazins, fors aucuns chastiaux qui estoient de l’Ospital et du Temple, qui estoient assis sur la rive de la mer en tel maniere et si fors qu’il ne doubtoient point l’assaut des Sarrazins, meismement pour les bons combateurs qui estoient dedenz. Si y avoit autres chastiaux plus avant en la terre[2] où crestiens tornoient à garant quant il ne pooient plus endurer l’assaut des Sarrazins. Ne n’avoit mais en toute Surie que ii citez où crestiens peussent demourer, la cité d’Acre et la cité de Tyr ; le soudan de Babiloine avoit tout conquis par la force des Sarrazins. Tir est une bonne cité et defensable, et est assise en parfont en la mer, avironnée de toutes pars ; et est avec ce de haus murs fermée avec grant foison de grosses tours et de petites enclose, ne ne doubte assaut de nulle part, ne pierre ne mangonnel, ne nul autre encombrement, mais que ceulz de dedenz aient

    croisade d’Édouard en Syrie, voir R. Röhricht, La croisade du prince Édouard d’Angleterre (1270-1274), dans Archives de la Société de l’Orient latin, t. I, p. 617-634, et t. II, p. 407-409.

  1. Dans le latin on a mis plus exactement : « totum regnum Hierusalem ».
  2. On dit au contraire dans le latin : « alia quœdam castella fortissima maritima », ce qui est plus exact.