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mistrent les maistres notonniers à leurs nefs qui estoient sur le port de Cartage là où la royne de France estoit a tout grant foison de nobles dames. Si appareillierent grant foison de nefs et leurs mas et leurs gouvernaux et se desancrerent ; le roy Phelippe et le roy Thibaut de Navarre, et messire Alphons conte de Poitiers, et messire Pierre conte d’Alençon, et messire Robert conte d’Artois, l’evesque de Langres[1] et plusseurs autres riches hommes entrerent en mer ; si orent bon vent et ne leur fu de rien contraire. Lors commencierent les mariniers à sigler et à nagier a grant force d’avirons. Tant alerent par haute mer qu’il arriverent au port de Trapes[2] paisiblement sanz nul contraire de mer ne d’autre chose. Quant il furent arrivez, si issirent hors des nefs et entrerent en la cité de Trapes. Là se reposerent et atendirent autres navies qui estoient demourées au port de Cartage, qui ne fu pas beneureuse de demourer : car quant il furent en haute mer, Neptunus, i des maistres d’enfer, fu enflé et plain d’orgueil et de desdaing de ce qu’il avoit tant sejourné qu’il n’avoit eu pieça aucune tempeste ne aucun encombrement.

    trois heures de l’après-midi : « die martis in octava beati Martini hyemalis circa nonam », et non le 15 comme le dit M. Ch.-V. Langlois, Philippe III le Hardi, p. 50. Il fut terminé le mercredi 19 et on leva l’ancre le jeudi 20 au matin (Spicilegium, in-fol. t. III, p. 668. Lettre de Pierre de Condé du 31 janvier 1271, au prieur d’Argenteuil).

  1. L’évêque de Langres était alors Gui II (1268 à sa mort en 1291 ou 1292).
  2. Trapes, Trapani, Sicile. La flotte entra dans ce port le vendredi 21 novembre, et vers minuit le roi de Sicile descendit à terre. Le roi et la reine de France débarquèrent le lendemain, samedi 22, vers trois heures du soir, « die sabbati circa nonam » (Spicilegium, t. III, p. 668).