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maladies et par bateures rappelle les cuers des bons, si envoia une grief maladie audit Lorens, en telle maniere qu’il perdi aussi comme tout son sens et qu’il n’ot membre de quoy il se peust aidier, et si sambla à son maistre et à ii autres qu’il estoit en peril de mort. Et ceste maladie n’estoit pas epileutique, mais ce fu du jugement de Dieu et de saint Denis. Et quand Benoit, maistre de celui Lorent, vit qu’il estoit en si grant peril, il en fu moult esbahi, et commença à penser qu’il pourroit faire pour sa senté ? Et par la grâce de Dieu, il li vint en memoire d’aler en pelerinage à Saint Denis, selon ce qu’il avoit oy dire à son varlet quant il estoit en santé, et si pensa qu’il n’avoit pas acompli son pelerinage, et pour ce il estoit encheu en ladicte maladie. Si le voua à saint Denis en disant en ceste maniere : « Se saint Denis donne santé à mon varlet, je li promet que je, avec mon varlet, demain à son moustier irai devotement. » Et tantost en l’eure qu’il ot promis son veu, il sambla audit Lorent qu’il eust miex dormi que qu’il eust esté malade. Et si li apparut i homme de moult reverent chiere, qui estoit vestu en habit de evesque, qui avoit le chief coppé parmi le col, selonc ce que nous li demandames diligeaument, et si portoit en ses mains, au dit Lorent la langue de Suette[1], et li dist[2] : Stac up olz harst kath husuma han main hiligaf atter huia[3], qui vaut autant à dire en françois : « Lieve sus tantost et is hors de

  1. Langue de Suette, langue suédoise.
  2. Le latin : « eidemque Laurentio lingua suetica ita dixit » a été mal rendu.
  3. La Chronique d’Yves de Saint-Denis donne le texte suivant : « Stat up, ok gak sckot af binum norder, ok har sckalt hu sinna han man hik gaf atter hina helsu. »