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[1]En ycest an, chei si grant plenté de noif à Paris et ou pays d’entour, qu’il n’est memoire que onques en cheist tant ; et ce fu par iiii foiz, et en ot si grans monciaux par les rues de Paris que à paines y pooit-on aler ; si la convenoit porter aux champs ou à Saine en hottes ou en tomberiaux ; et les voies dehors et les fossés en furent si plains qu’il y ot assez de peril à aler à pié ou à cheval.

[2]Un escolier du royaume de Suesse[3] qui estoit appellé Beneoit, prestre et honneste personne, estudiant à Paris en la science de canon, ot i varlet qui ot nom Lorent. Cesti Lorent, en l’an de Nostre Seigneur mil CCC XIIII, le dimenche après Pasques[4], du royaume dessus dit aportoit argent à son maistre, lequel entra en la mer. Et lors vint si grant tempeste que touz ceulz qui estoient en la nef furent en peril de mort. Et lors chascun d’eulz commença à demander aide à Dieu à qui obeissent la mer et les vens. Cesti Lorens ot especial devocion à saint Denis, et si voua et li promist que s’il pooit estre delivrez du peril, le plus tost qu’il seroit à Paris, il yroit visiter le lieu des corps sains à Saint Denis ; et tantost il vindrent à port de salut. Et quant ledit Lorent vint à Paris, il ne li souvint de veu qu’il avoit promis à saint Denis, et targa trop d’acomplir. Si avint une journée que Dieu qui par

  1. Ce paragraphe n’est pas tiré de la Continuation de G. de Nangis.
  2. Cette histoire est traduite de la Chronique d’Yves, moine de Saint-Denis, mise à tort sous le nom de Guillaume Lescot (Rec. des Hist., t. XXI, p. 208-209). Cf. Histoire littéraire de la France, t. XXXI, p. 143 à 151.
  3. Suesse, Suède.
  4. 14 avril 1314.