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qui estoit ençainte, chei en une quartaine qui moult greva sa porteure, et enfanta i filz qui avoit non Jehan[1] qui mourut assez tost ; pourquoy Phelippe conte de Poitiers se mist en possession des royaumes. Mais le duc de Bourgoigne[2] et sa mere[3] li estoient contrainres,

    fant que elle avoit en son ventre en fu mout pené, dont puis, entour la Saint Martin, elle enfanta d’un fil qui fu nommez Jehan ; mès il vesqui ii jours ou iii seulement. Et dès lors, le conte de Poitiers tint comme roys le royaume ; mès le duc de Bourgoigne li mist contradicion pour sa nièce, laquelle le roiaume devoit avoir, comme la plus prochaine fille de roy, par droit. Mès respondu li fu que fames ne devoient pas succéder el royaume de France ; laquelle chose ne se povoit clerement prouver. Et pour ce, le duc et la duchoise envoierent lettres à pluseurs barons en depriant que il ne s’ascentissent en la coronacion de Philippe le conte de Poitiers. Et non pourquant, le conte de Poitiers, a grant compaignie de gens d’armes, vint à Rains, et fist fermer les portes de la cyté, et ainssinc se fist sacrer et coronner de l’arcevesque. Mès le conte de Valois, son oncle, n’i vout estre present, et Karles aussinc, conte de la Marche, son frere, n’i daigna estre, mais s’en parti de Rains, le matin, par indignacion. Et ainssinc, ce fait, le roy nouvel couronné vint à Paris, et fu receus des Parisiens a grant honnour et reverence. »

  1. Jean naquit dans la nuit du 13 au 14 novembre et mourut le 19 (Lehugeur, Histoire de Philippe le Long, p. 73-74. Cf. Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, p. 26, § 4, qui le fait mourir le 18).
  2. Eudes IV.
  3. Agnès, fille de saint Louis, veuve de Robert II, duc de Bourgogne.