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d’autre part. Car ceulz d’Ytalie et de France mettoient paine d’avoir l’esleccion par devers eulz et y ot deffiailles de l’une partie contre l’autre, et meismement pour la cause du feu qui avoit esté mis en la ville de Carpentras par le marquis de Antonne[1] neveu du pape Climent derrenierement mort. Car il y estoient touz assamblez pour l’eslection de faire le pape ; et disoit l’en que le feu avoit esté mis dudit marquis en la faveur des cardinalz qui estoient de la partie des Gascoins.

[2]Et en cest an, fu prise une occasion pour les guerres qui avoient esté faites en Flandres, de lever une exaction, laquelle n’avoit esté oye de memoire d’omme. Et commença ceste exaction à Paris premierement, et après, elle fu espandue par tout le pays ; et estoit la dicte exaction ou extorcion telle que tout vendeur ou acheteur paioit vi deniers pour livre : laquelle exaction, quant elle fu ainsi publiée par touz pays, ceulz de Normendie et de Picardie et de Champaigne s’assamblerent et jurerent les uns aus autres que chascun deffendroit ceste exaction en son pays, et en nulle maniere ne la lairoient tenir[3]. Finablement quant le roy sot ce, il commanda que telle exaction cessat pour tout

  1. Bertrand de Got qui, le 8 mars 1306, avait reçu le rectorat de la marche d’Ancône (Baluze, Vitae paparum Aveniensium, éd. Mollat, t. II, p. 93).
  2. Continuation de G. de Nangis, t. I, p. 412, et Rec. des Hist., t. XX, p. 611.
  3. Sur le mouvement provoqué en France par la levée de l’impôt pour la guerre de Flandre, voir André Artonne, Le mouvement de 1314 et les chartes provinciales de 1315, p. 13 à 30, dans Bibliothèque de la Faculté des lettres de l’Université de Paris, t. XXIX.