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porent avoir perpetuel dampnement, car il mistrent le menu peuple en très grant erreur. Et pour voir, après ce ensivant, la veille de l’Ascension[1] Nostre Seigneur Jhesu Crist, les autres Templiers, en ce lieu meismes furent ars, et les chars et les os ramenez en poudre. Desquiex l’un estoit l’aumosnier du roy de France[2], qui tant de honneur avoit eu en ce monde ; mais onques de ses forfaiz n’ot aucune recognoissance.[3]Et le lundi ensivant, fu arse ou lieu devant dit, une beguine clergesse qui estoit appellée Marguerite Porée[4] qui avoit trespassée et transcendée l’escripture devine et es articles de la foy avoit erré, et du sacrement de l’autel avoit dit paroles contraires et prejudiciables. Et pour ce, des maistres expers en theologie avoit esté condampnée.

[5]Les forfaiz pourquoy les Templiers furent ars, con-

  1. 27 mai. Il y en eut cinq qui furent brûlés ce jour (J. Petit, Ibid., et Hist. littéraire, ibid.).
  2. Frère Jean de Taverny.
  3. Continuation de G. de Nangis, Ibid., p. 379, et Rec. des Hist., t. XX, p. 601.
  4. Marguerite Porete, originaire du Hainaut (latin : « de Hanonia ». Cf. Géraud de Frachet, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 34), fut exposée en place de Grève le 30 mai 1310 et brûlée le lendemain 31 mai. Arch. nat., J. 428. Cf. Ch.-V. Langlois, Marguerite Porete, dans Revue historique, t. LIV (janvier-avril 1894, p. 295), et Histoire littéraire de la France, t. XXVII, p. 70. Les Grandes Chroniques ont beaucoup résumé le passage de la Continuation de G. de Nangis consacré à Marguerite Porete et n’ont pas parlé de Guiart de Pressonsacq, un autre hérétique qui se proclamait l’ange de Philadelphie et fut incarcéré. Cf. Revue historique, ibid., p. 297-299.
  5. Tout le reste de ce chapitre n’est pas tiré de la Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis. On peut rappro-