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Flandres Gui, qui par pluseurs ans, avec le roy de Secille, Charles le second, avoit trait demourée[1], de maintenant usé[2], si comme l’en disoit de la peccune pape Boniface et de son aide, avec grant compaignie de Tyois et d’Alemans soudoiers, environ la saint Jehan Baptiste applut[3] en Flandres ; duquel, le peuple des Flamens acrut moult et enorgueilli, la terre du roy de France prist plus aigrement à envaïr que devant[4]. Et lors, le chastel de Saint Omer, de la conté d’Artois, de maintenant veullans asseoir,[5]si comme non pas sagement passoient et aloient entour le chastel, si que dès lors en occistrent ceulz du chastel iiim ; de laquelle chose les Flamens trop iriez et courrouciez, comme il ne peussent ilec profiter pour la forteresce du lieu, vers Terouanne Morin[6], une cité du royaume de France, menerent leur ost ; laquelle ou moys de juillet l’assistrent et la degasterent et consommerent par embrasement.

    comte de Flandre, et de sa première femme Mathilde, fille de Robert, seigneur de Béthune et de Terremonde.

  1. Latin : « diu moram contraxerat ».
  2. Usé pour ayant usé.
  3. Applut, arriva ; latin : « appulso ». La Continuation de G. de Nangis dit qu’il venait de Pouille, « de Apulia ».
  4. Sur cette campagne de Philippe de Thiette, fils de Gui de Dampierre, voir Funck-Brentano, op. cit., p. 449-451, et Chronique artésienne, p. 65 à 69.
  5. Cette phrase, jusqu’à « comme il ne peussent ilec profiter », est tirée de G. de Nangis, leçon du ms. 70 de Berne. Cf. Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris et de l’Île-de-France, t. XXIII, p. 251.
  6. Latin : « versus Morinum Franci regis civitatem », ce qui désigne bien la ville de Thérouanne, Pas-de-Calais, arr. de Saint-Omer, cant. d’Aire. Les Flamands arrivèrent devant cette ville le 12 juillet.