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concile s’assamblerent, et ilec fu traité de touz ; c’est assavoir d’aucuns agrevemens du royaume et du roy et des prelaz, qui à eulz, si comme à l’opinion de moult estoit veu affermer, le pape de Rome en prochain entendoit faire. Et fu ensement ycelui pape, d’aucuns chevaliers, ilec devant les prelas, à la royal magesté, de moult de crismes blasmé, diffamé et accusé. C’est à savoir de heresie, de symonie et d’omicide et de moult d’autres vilains mesfaiz droitement sus lui mis et touz vrais, si comme aucuns estimoient[1]. Et pour ce que à pape et à prelaz herites, selon ce que l’en treuve es sains canons, ne doit pas estre paiée obedience, fu ylec, du commun conseil de touz appellez jusques atant que le pape eust son concile appellé et assamblé, et que de ces crismes et de ces cas que l’en li avoit mis sus, s’espurgast et qu’il en fust du tout en tout purgiez. Et ainsi à la parfin, ce parlement deslié, l’abbé de Cistiaux[2] seul à eulz non assentant, avec indignacion et desdaing de moult tant du roy comme des prelaz, s’en revint à son propre lieu. Et lors, le cardinal de Rome, Jehan Le Moine, qui i pou devant ce avoit esté envoié en France, et lors en pelerinage estoit alé à Saint Martin de Tours, quant il oy nouvelles du pape, au plus tost qu’il pot issir du royaume de France s’en issi.

    pape comme hérétique, démoniaque, sodomite, homicide, ennemi de la France, etc. (Ibid., p. 34 à 53. Cf. Hervieu, Recherches sur les premiers états généraux, p. 77 à 81). C’est de cette dernière assemblée que parlent les Grandes Chroniques.

  1. Ms. fr. 2813 de la Bibl. nat. : « destinerent ».
  2. Le nom de l’abbé de Cîteaux ne figure pas, en effet, parmi ceux qui, dans la séance du 14 juin, adhérèrent à un appel au futur concile (cf. G. Picot, op. cit., p. 50, note 5).