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Et en ycest an ensement, ou moys de Decembre, en la veille[1] de saint Thomas apostre, avint aussi à Paris que le fleuve de Saine s’escrut en telle maniere, que de nul aage ne remembrance d’omme ne treuve l’en en escript si grant croissance ne ravine d’yaue à Paris avoir ondoié, car toute la cité fu si de toutes pars raemplie et ensement açainte et avironnée, que de nulle part en la ville, sanz navie, l’en ne pooit entrer, ne par i pou, par toutes les rues ne pooient aucuns aler sanz aide de batiaux. Et lors, pour la pesanteur de l’yaue et la grant ravine du fleuve, les ii pons de pierre, avec les moulins qui dessus estoient fondez et faiz, et chastellet de petit pont, de tout en tout trebuchierent et cheirent. Et lors esconvint i pou, par viii jours, des viandes de hors aporter es nefs et es batiaux pour secourre à ceulz de la cité.


XIX.
Comment Aufour d’Espaigne rendi tout pour delivrer son oncle de la prison[2].

En l’an de grâce après ensuivant, mil CC IIIIxx et XVII, Aufour et Ferrant freres, et neveus le saint roy Loys, viguereusement et forment envaïssans et dontanz Espaigne, embatirent paour à touz leurs anemis de leur nom et de leur advenement, ausquiex vint lors

  1. 20 décembre 1296. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 15, 134, et Maurice Champion, Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours, p. 30-31.
  2. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 578. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 297.