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yce fait encourroient ; de laquelle, fors ou peril de la mort, ne pourroient de nul estre absolz, fors que du pape de Rome ou de son commandement especial.


XVII.
De la prise Jehan de Saint Jehan et de pluseurs autres[1].

Et en ycesti an ensement, Emons[2] le frere au roy d’Angleterre, qui estoit envoié en Gascoigne contre la gent au roy de France mourut à Baionne ; après la mort duquel endementres que les villes et les chastiaus et les gens au roy d’Angleterre, de sa partie tenans, appareilloient à garnir de vitaille, Robert d’Artois, qui i pou devant fu envoié du roy de France, ilec estoit là venu[3]. Quant il entendi ce par ses espies, si les empeescha isnelement ; car comme il fussent viic à cheval et vm à pié, le gentil conte, avec sa gent qu’il amenoit toutevoies batailleurs, si fors envaï leur ost que les Gascoins fuirent, et les enchaça, et des greigneurs d’Angleterre à mort craventa bien c ou environ. Et ilec fu pris Jehan de Saint Jehan et Guillaume le jeune de Mortemer aveques autres nobles d’Angleterre, et furent envoiez aussi comme chaitis en France ; et donc le conte de Lincole et Jehan de Bretaigne

  1. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 578. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 294-296.
  2. Edmond, comte de Lancastre, frère du roi d’Angleterre, Édouard Ier.
  3. Sur l’expédition de Robert d’Artois en Gascogne en 1296, voir Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 195-196. Cette expédition avait pour objet de délivrer Dax assiégée par les Anglais.