Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il avait emprunté à Primat pour composer sa Vie de saint Louis. L’étude attentive et comparée des vies de Philippe le Hardi écrites par ces deux historiographes mettra bien en lumière les parties des Gesta Philippi Regis que Guillaume de Nangis puisa dans Primat. Dans cette étude il ne faudra pas oublier que l’auteur des Gesta fut un contemporain de Philippe III et qu’il put soit avoir vu certains faits, soit les avoir entendu rapporter par des témoins ; on ne devra donc pas rejeter a priori ce qu’il sera le seul à nous faire connaître[1].

Si la Vie de saint Louis fut terminée du vivant de son fils et successeur, puisqu’elle lui fut dédiée[2], celle de Philippe le Hardi, que Guillaume de Nangis dédia à Philippe le Bel, en même temps que la précédente, fut achevée certainement avant 1297, date de la canonisation de saint Louis[3]. D’après Hermann Brosien, elle aurait été composée entre 1286 et 1294[4].

Comme nous l’avons dit[5], la rédaction des Grandes Chroniques, dans leur première forme, avait donné pour

  1. « Pour la vie de Philippe le Hardi, Guillaume de Nangis a beaucoup ajouté au texte de Primat et a disposé de renseignements plus nombreux, dont la source nous est encore inconnue » (Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 3). — Cf. Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. H. Géraud, Introduction, p. v : « La vie de Philippe III mérite peut-être encore plus de confiance. Ici l’auteur n’avait pas besoin de guide ni de témoignages ; il écrivait ce qui se passait de son temps, autour de lui, et, pour ainsi dire, sous ses yeux. »
  2. L. Delisle, Notes sur quelques manuscrits du Musée britannique, dans Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. IV, p. 217.
  3. L. Delisle, Mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Nangis, dans Mémoires de l’Institut. Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXVII, 2e partie, p. 291.
  4. Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. XXVI, p. 625.
  5. Grandes Chroniques, t. VII, Introduction, p. xvii.