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Nichole[1], quant il ot sceu et cogneu la destruction de la cité d’Acre d’oultre mer, si se conseilla par ses lettres apparanz aus prelaz du royaume de France, qu’il li demonstrassent quelle chose ce seroit miex profitable et neccessaire au recours et au recouvrement de la Sainte Terre, et les depria humblement que à ce esmeussent le roy de France, les barons et les chevaliers, et eulz meismes, et nomméement le menu peuple, pour la Sainte Terre recouvrer. Aus quiex commandemens et prieres les arcevesques et les prelas très doucement ottroians, chascun maistre par sa dyocese, les évesques, les abbés, les prieurs et les sages clers assambla. Et lors, quant leur concile fu ainsi assemblé et celebré, si manderent au pape ce qu’il avoient fait et conseillierent en ceste maniere : c’est à savoir, qu’il en convendroit premierement les princes et les barons de toute crestienté ensemble comméuz à pais et à concorde rappeller ; et meismement rapaisier les Griex, les Ceciliens et les Arragonnois ; et ainsi dès maintenant ce fait, se le souverain l’ottroioit ou jugoit estre chose neccessaire, la croiz, de son auctorité, par tout l’empire de crestienté seroit preschiée et à prendre admonnestée.

En ycest an les Valentinés en Haynaut se rebellerent contre leur conte[2] pour ce qu’il s’efforçoit de les grever sanz cause ; et se tindrent grant piece contre li, et bouterent les gens dudit conte hors de leur ville,

  1. Voir dans Les registres de Nicolas IV, par Ernest Langlois, les nos 6778 à 6805, lettres du mois d’août 1291, par lesquelles le pape exhorte le roi de France et tous les fidèles à prendre la croix, à aller au secours de la Terre Sainte et à lui venir en aide. Cf. Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. IX, p. 95 et 96.
  2. Le comte de Hainaut, Jean d’Avesnes, fils de Bouchard d’Avesnes et de Marguerite de Flandre.