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XXXVII.
Comment le prince de Salerne fu pris[1].

Puis que le roy Phelippe fu croisié pour aler en Arragon, le roy Charles[2] prist congié et li dist qu’il estoit temps de retourner à son filz et aus barons qui l’antendoient, et le roy li donna volentiers et de gré ; si se mist au chemin et vint en Prouvence. Ilec prist messagers et leur bailla lettres esquelles il estoit contenu qu’il mandoit salut à son filz Charles, et li mandoit especiaument que pour riens du monde il ne se combatist à ses anemis en mer, et qu’il avoit grant nombre de galies au port de Marseille qui toutes estoient appareilliées de venir prochainement à lui. Si comme les messagiers en aloient hastivement par mer, les espies de Cecile leur vindrent à l’encontre, si les pristrent et trouverent les lettres qu’il portoient, et trouverent toute la priveté et le secré du roy Charles, et qu’il vouloit faire, et comment. Dont se hasterent moult viii[3] galiees d’armes et de gent ; si vindrent bien prés de Naples et commencierent à crier et à menacier pour savoir s’il peussent à ce esmouvoir les Fran-

    multi tam nobiles quam ignobiles ad hujus expeditionem itineris consimiliter crucis signaculum assumpserunt. »

  1. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 526-527. Cf. Chronique de Primat (Ibid., t. XXIII, p. 102-103) ; Chronicon Siciliæ, dans Muratori, op. cit., t. X, col. 844, cap. xlviii.
  2. G. de Nangis ajoute : « qui fere per annum in Francia fuerat commoratus ».
  3. Latin : « xxvii. »