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Sainte Cecille et li donna plain pooir de escommenier et de condampner le roy d’Arragon, s’il ne faisoit satisfacion des injures qu’il faisoit à sainte Eglise.

L’an de grâce mil CC IIIIxx et III, vint le roy Charles es landes de Bourdiaux, ou lieu et en la place qui avoit esté acordée et jurée des ii parties, en la presence le roy de France et de ses barons, et se offri et presenta par devant le seneschal de Gascoigne[1] qui tenoit la court, contre le roy d’Arragon. Mais le roy d’Arragon ne vint ne ne contremanda ne ne s’escusa de riens, fors que tant que la nuit devant estoit venu au seneschal repostement, ne n’avoit avec lui que ii chevaliers et li dist qu’il venoit aquitier son serement, et qu’il n’oseroit plus demourer pour la doubtance du roy de France ; ne plus n’en fist, ains s’emparti tantost[2].

Le roy Charles et ses barons atendirent celle journée sa venue et toute la nuit et toute la sepmaine[3]. Quant le roy de France vit ce, si en fu moult corroucié ; si commanda à Jehan Nougne[4] qui des parties

    Martin IV en 1281, n’accompagna pas Charles d’Anjou dès le mois de mars 1283, comme le dit G. de Nangis, mais fut envoyé à Philippe III, vers le mois de Juin, à Bordeaux (Langlois, op. cit., p. 145). Voir, sur le cardinal Jean Cholet, Hist. litt. de la France, t. XX, p. 113-129.

  1. Jean de Grailli, sénéchal anglais de Gascogne, « senescallo regis Angliæ cujus erat terræ dominium » (G. de Nangis).
  2. Cf. Muntaner, chap. xc, et de Saint-Priest, op. cit., t. IV, p. 139-140.
  3. Charles quitta Bordeaux avec le roi de France le 10 ou le 11 juin 1283 (P. Durrieu, op. cit., t. II, p. 188).
  4. Latin « Johannes Nunnii », Chronique latine (éd. Géraud, t. I, p. 259), Johannes Nunnius ; c’est Don Juan Nunès (cf. supra, p. 57).