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donroit de legier son mautalent[1]. Les bourgois requistrent et demanderent espace tant qu’il eussent parlé ensemble ; le roy leur ottroia volentiers. Endementres il se garnirent d’armes et manderent secours par toute la terre de Cezille. Quant il furent garniz, si ne voldrent faire chose que le roy leur requist. Le roy avoit mauvaisement retenu ce proverbe que on dit en France : « Qui ne fait quant il peut ne fait quant il veult. » Le roy commanda que la cité fust assaillie ; mais nulle riens ne mesfirent[2], tant que le roy ot conseil du conte de Charras de Laceurre[3], qui puis fu prouvé pour traitre et come il aparut puis le decès du roy Charles qu’il s’en alast et retornast à Calabre. Lors se traist le roy arrieres et se mist es plaines Saint Martin[4], que ceulz de Puille ne de Calabre ne se tournassent contre li, et ylec atendroit tant que son filz fust retourné de querre le secours de France, et fist des-

  1. G. de Nangis parle ici de l’action du cardinal Gérard de Parme : « Cardinalis enim fideliter laborabat, quantum poterat, ut ad pacem traherentur. » Sur les tentatives de conciliation de Charles d’Anjou avec les Messinois, voir Léon Cadier, Essai sur l’administration du royaume de Sicile sous Charles Ier et Charles II d’Anjou, p. 56-61.
  2. G. de Nangis dit que des assauts furent repoussés pendant plusieurs jours : « Pluribus vero per dies aliquot ad urbem assultibus factis, cum in vanum Gallici laborarent, et plus amitterent quam lucrarentur. » Cf. Muntaner, chap. lxiv à lxxi.
  3. Dans sa Chronique latine (éd. Géraud, t. I, p. 286), G. de Nangis rapportant le supplice que lui infligea Charles II, roi de Sicile, le nomme : « comes Acherarum (ou Acerrarum) in Appulia ». C’est donc le comte d’Acerra, auj. Italie, prov. de Caserte, à quinze kilomètres de Naples, sur l’Agno.
  4. Auj. San Martino dans la Calabre ultérieure.