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Le peuple de Paris s’esmut de toutes pars, et coururent hommes et femmes après, car il ne le pooient croire en nulle maniere que homme de si haut estat fust devalé au bas[1]. Le bourriau li mist la corde entour le col et li demanda s’il vouloit riens dire, et il dist que nenil. Tantost le bourrel osta l’eschiele et le laissa aler entre les larrons. Nul ne se doit fier en sa grant hautesce ne en son grant estat, car la roe de fortune qui ne se tient en i point ne en un estat l’aura tost devalé et mis au bas[2]

  1. Cette phrase n’est pas dans le texte latin.
  2. Dans sa Chronique latine (éd. H. Géraud, t. I, p. 249), G. de Nangis dit que la mort de Pierre de La Broce fut causée par la jalousie : « invidia quorumdam contra se excitata ». Cette opinion fut partagée par d’autres contemporains. Dante, dans le Purgatoire, chant VI, vers 10-24, dit qu’il fut mis à mort :

    « … per astie et per inveggia,
    come dicea, non per colpa commisa »,

    et il accuse la reine Marie de Brabant d’avoir été l’instigatrice de son supplice. Une chronique de Touraine (André Salmon, Recueil de chroniques de Touraine, p. 196) dit : « et per barones, per invidiam judicatus, et contra voluntatem regis ». On peut voir encore, sur le supplice de Pierre de La Broce, Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 126, 147-181 ; t. XXII, p. 348. Achille Jubinal, La complainte et le jeu de Pierre de La Broce, Paris, 1835, in-8o. Ch.-V. Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 29 à 32. Chronographia regum Francorum, éd. Moranvillé, t. I, p. 10-12.