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doit les passages si estroitement que nul ne pooit passer. Si manda le conte Karle qui estoit esleu à roy de Sezile Phelippe de Montfort[1], bons chevaliers et hardiz pour abatre et oster la mauvaistié Poilevoisin et pour delivrer le chemin de Romme. Ice Phelippe se mist à la voie et enmena avoec lui le marchis de Montferrant[2] et toute la commune de la cité de Melan qui à celle foiz furent de la partie aus François, quar il avoient en grant haine Mainfroi, pour ce que l’emperere son pere avoit fet abatre toutes les tours de Milan et les fortereces ; et si leur avoit osté les iii roys qui vindrent aourer Nostre Seigneur quant il fu nez, et les envoia à Coulongne sus le Rin[3].

[4]Phelippe de Montfort vint à i pas où il trouva Poilevoisin a grant ost, et avoit en s’aide toute la fort gent de Cremonne. A euls se combatirent si vertueusement, que Poilevoisin torna en fuie et cil de Cremonne, et lessierent le pas tout delivre. Phelippe et sa gent passerent outre ; si trouverent les tentes à ceus de Cremonne et leur garnisons de vins et de viandes ; si pristrent quanqu’il porent trouver de bon, et puis bouterent le feu dedens et s’en passerent outre et delivrerent les passages et les chemins, si que cil qui vou-

  1. Philippe de Montfort II, seigneur de Castres et de la Ferté-Alais, fils aîné de Philippe de Montfort Ier, seigneur de Tyr, mourut avant 1274 (P. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 80).
  2. Le marquis de Montferrat.
  3. Ce fut en 1162, après avoir détruit Milan, que Frédéric Barberousse envoya à Cologne les reliques des trois rois mages possédées auparavant par la ville de Milan.
  4. Voir, sur la marche des Français à travers la Lombardie, Giovanni Villani, Historie Fiorentine, dans Muratori, t. XIII, col. 227-228.