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elle fu morte, les nobles hommes du païs la porterent en une chaiere dorée parmi Paris toute vestue comme royne, la couronne d’or en la teste. Les croiz et les porcessions si la convoierent jusques à une abbaïe de nonnains delez Ponthoise, qu’elle fit fere ou temps qu’elle vivoit. De sa mort fu troublé le menu pueple quar elle n’avoit que fere qu’il feussent defoulé des riches et gardoit bien joustice. Dont il avint que les chanoines de Paris pristrent touz les homes de la ville d’Oli[1] et de Chastenai[2] et d’autres villes voisines qui estoient tenanz de leur eglise, et les mistrent en prison fermée en la maison de leur chapitre, et les lessierent iluec sanz avoir soustenance. Tant leur firent souffrir de meseise que il estoient aussi comme au morir. Quant la royne le sot, si leur requist mout humblement qu’il les delivrassent par pleges et que volentiers enquerroit comment la besongne seroit adreciée. Les chanoines respondirent qu’à lui n’aferoit pas de congnoistre de leur sers ne de leur vilains, lesquiex il pooient prendre ou ocirre, ou fere tel joustice comme il voudroient. Por tant comme plainte en fu fete devant la royne, les chanoines emprisonnerent leur fames et leur enfanz ; et furent à si grant meseise de la chaleur qu’il avoient les uns des autres que pluseurs en furent mors. Quant

    fut enterrée à Maubuisson le 29 novembre (E. Berger, Histoire de Blanche de Castille, p. 415. Cf. Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. III, chap. cccxx et t. VI, p. 268).

  1. Orly, Seine, arr. de Sceaux, cant. de Villejuif. Voir sur cet épisode des serfs d’Orly : Marc Bloch, Blanche de Castille et les serfs du chapitre de Paris, dans Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXXVIII (1911), p. 224-272.
  2. Châtenay, Seine, arr. et cant. de Sceaux.