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freres le roy furent tout entour avironnez de grant plenté de chevaliers et de sergenz d’armes et d’arbalestiers. Si comme il aprochierent près de terre, il se lancierent en leur anemis ; et les Sarrazins, seetes et darz leur lancierent et gaveloz espessement. Et quant vint à l’aprochier, il les ferirent des glaives et des lances ; et firent tant les barons qu’il furent joint et mellez ensamble, et reculerent Sarrazins, et fu grant l’abateiz et l’occision de Turs et de chevaus sanz point de domages des barons. Furent occis aucuns granz mestres des Sarrazins, si comme l’apostat de Damiete[1] et ii amiraus et grant foison de pietaille[2].

En celle bataille ne fu pas le soudan de Babiloine qui estoit venus des parties de Damas et se tenoit à une mille[3] de Damiette pour ce qu’il estoit enferme de son cors. Quant celle desconfiture fu faite et celle occision, les galies des barons porpristrent toute la riviere de Nilus et estouperent toute l’entrée et pristrent des galies aus Sarrazins, ce qu’il en porent avoir, et les autres s’enfouirent contremont la riviere. Après ce qu’il s’en furent foui, le roy et ses barons firent tendre leur tentes et lor paveillons sus le rivage et se reposerent celle nuit et le diemenche[4] toute jour. Et fu commandé que les garnisons et les chevaus descendissent à terre et venissent en l’ost.

  1. G. de Nangis le désigne ainsi : « unus qui erat villæ capitaneus » ; c’était donc le gouverneur de Damiette.
  2. Sur la prise de Damiette, voir les lettres publiées dans les additamenta de Mathieu de Paris, t. VI, nos 80, 81, 82.
  3. G. de Nangis dit une lieue : « per unam leucam ».
  4. Le 6 juin.