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quant il vendroit près. Celle jornée que les naceles furent commenciées à faire, l’en prist II espies qui confessierent que le soudan de Babiloine les avoit envoiez là por enpoisonner le roy et tout son ost. Si estoit leur propos de metre le venin es garnisons que l’en devoit trousser es nez.


LI.
Comment le roy entra en mer pour aler à Damiete[1].

Après ii mois passez, les messages le roy cerchierent tant qu’il trouverent bonnes nez prestes et apareilliées, et les envoierent au roi. Dont les barons furent liez, car il leur anuioit forment de tant sejorner en Chipre. Lors s’assamblerent les barons de toutes pars et les pelerins qui avoient sejoré es illes entour Chipre toute la saison d’yver. Si tost comme les garnisons furent faites et le roi dut entrer en mer[2], il manda les mestres notonniers et leur commanda que tuit s’adreçassent d’aler au port de Damiete. Lors entrerent tuit en mer et se seignierent tuit et se commanderent en la garde de Dieu. Les mariniers drecierent leur voiles et apresterent leur cordes et leur gouvernaus et leur ancres.

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 370-371 ; Vincent de Beauvais, Speculum historiale, liv. XXXI, chap. xcvii.
  2. Saint Louis et ses troupes entrèrent dans les vaisseaux le jour de l’Ascension, 13 mai 1249, et le samedi suivant, 15, il donna ordre d’aller sur Damiette, mais, le temps n’étant pas favorable, la flotte resta au port de Limisson jusqu’au mercredi 19 (G. de Nangis). Cf. Lenain de Tillemont, op. cit., t. III, p. 235-237.