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XLVII.
Comment le soudan de Babiloine se volt acorder au soudan de Halape par decevance[1].

Le soudan de Babiloine oï dire certainement que le roy de France estoit en Chipre et qu’il avoit avoec lui des plus nobles princes et des plus puissanz de la crestientié. Si se douta forment por ce qu’il avoit haine au soudan de Halape[2]. Si se mist à la voie et s’en vint droit en Jherusalem et manda les chastelains de toute la contrée, et leur commanda qu’il meissent garnisons es chastiaus et es fortereces de toute la contrée et de tout le païs, et leur dist bien qu’il se doutoit de la venue au roy de France. Quant il ot ces choses ordenées, il s’en vint vers les parties de Damas pour ce qu’il se voloit acorder au soudan de Halape et à touz ceus qu’il cuidoit qu’il feussent ses anemis, si qu’il les peust avoir en s’aide contre crestiens, et conta au califfe de Baudas et au Vieuz de la Montaigne, le sire des Haccasis, comment le descort estoit entre lui et le soudan de Halape ; et leur pria qu’il envoiassent prieres et messages au soudan de Halape pour ce qu’il peussent

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 366-369 ; Vincent de Beauvais, Speculum historiale, liv. XXXI, chap. xcv. Cf. d’Achery, Spicilège, t. VII, p. 214, et Champollion-Figeac, Documents historiques inédits tirés des collections manuscrites de la Bibliothèque royale, t. I, p. 646, no xxiv.
  2. Sur le conflit qui s’éleva entre le soudan d’Égypte, Malek-Saleh Nagem-Eddin Ayoub, et celui d’Alep, Malek-Nacer Youssof, voir Lenain de Tillemont, op. cit., t. III, chap. xxclix. Cf. Joinville, §§ 144 et 145.