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de lonc temps, ne n’est pas de la real ligniée nez ; mais granz hom et puissanz est en la contrée de Perse. Le roy demanda aus messagiers pourquoi le duc Bacon avoit si vilment receuz les messagiers le pape qui aloient au roy Cham ; et il respondirent que le duc Bacon estoit païen et avoit en son ostel Sarrazins qui estoient de son conseil ; mais il n’a mais tel poesté comme il soloit avoir, ançois a esté desposé[1] et mis en la seignorie et sous la poesté au prince Eschartai. Le roy leur demanda derechief se le soudan de Moisac, lequel Moisac est apelé es anciennes escriptures Ninive, [estoit crestiens][2]. Les messages respondirent qu’il estoit filz de fame crestienne et qu’il amoit les crestiens et gardoit les festes des apostres et des martirs aussi comme les crestiens, ne n’obeïssoit de riens à la loy Mahomet, et estoit son propos d’estre crestien, ne n’atendoit autre chose mais qu’il poist avoir l’acordance de aucuns des barons de sa terre.


XLVI.
Comment le roi envoia en Tharse[3].

Ces choses dessus dites oïes et entendues, le roy ot conseil qu’il envoiast par ses propres messages letres et dons et joiaus au grant roy de Tharse et au prince

  1. Selon Lenain de Tillemont, op. cit., t. III, p. 224, ce Bacon ou Bachon « n’estoit nullement disgracié ».
  2. Les mots entre crochets ont été rétablis d’après la traduction de G. de Nangis.
  3. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 364-367 ; Vincent de Beauvais, Speculum historiale, liv. XXXI, chap. xciv.