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vant lui, et li demanderent s’il estoit crestien. Et il respondi qu’il estoit crestien. Après, il li demanderent pourquoi il avoit envoié sa gent pour ocirre crestiens ? et il respondi que ce n’avoit-il pas fet puis qu’il fu crestienné. Mais il dist que ses devanciers avoient eu commandement en leur loy qu’il occeissent toute la mauvaise gent qu’il porroient trouver ; et pour ce commandement, il vodrent que l’en occeist les crestiens, car il cuidoient que ce feussent mauvese gent. Nostre Sires vous gart ! Sachiez certainement que nous vous avons mandé toute la contenance et la maniere des Tartarins puis que noz venismes en la leur terre. »


XLV.
Comment le roy fist aucunes demandes aus messagiers[1].

Quant le roy de France ot oïes et entendues les letres, il demanda aus messagiers le prince Eschartai, comment il sot qu’il devoit aler outre mer, et il respondirent : « Pour ce que le soudan de Babiloine avoit envoié lettres au soudan de Moisac[2], esquelles il estoit contenu que le roy de France venoit seur Sarrazins a grant ost et a grant navie et qu’il avoit pris par force xl nez toutes garnis qui estoient au roy de France. Et tout ce manda-il au soudan de Moisac par fraude et pour espoenter lei, car le roy n’avoit riens

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 362-365 ; Vincent de Beauvais, Speculum historiale, liv. XXXI, chap. xciii. Cf. d’Achery, Spicilège, t. VII, p. 220-222.
  2. Moisac. On a voulu désigner Mossoul : le texte latin donne : « A soldano Mussule que scilicet olim vocabatur Ninive. »