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XXXV.
De la destruicion de la terre d’outre mer[1].

Celle année meismes que le roy fu malade, vindrent une maniere de gent que l’en apelle Grossoins[2] et entrerent en la sainte Terre et prinstrent à force la cité de Jherusalem. Les hommes et les enfanz tuerent et ocistrent sanz espargnier nului, et espandirent le sanc des genz, non pas par la cité tant seulement, mais toute l’eglise du sepulchre Nostre Seigneur en fu ensanglentée. Et lors, fu acomplie la prophecie David qui dit : « Diex une gent vendront en ton heritage, ton temple conchieront de sanc et de vilaines ordures, ta gent ocirront, la char abandonneront aus oisieus du ciel et aus bestes, le sanc espandront entour Jherusalem en aussi grant habondance comme une riviere et ne trouverront qui les mete en sepolture[3]. » Ceste male gent vindrent à la cité de Gazaire, et tuerent touz les crestiens qu’il trouverent, et Templiers et Hospitaliers, et presque touz les nobles hommes dou païz, dont l’en

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 346-347 ; Chronique latine, t. I, p. 197-198. Cf. Vincent de Beauvais, Speculum historiale, t. IV, liv. XXIX, chap. lxxxviii.
  2. G. de Nangis : Grossomi, Grossoini. On a désigné ainsi les Kharismiens, peuplade des bords de la mer Caspienne, qui, chassés par les Tartares, vinrent en Terre sainte. Voir sur eux, sur la prise de Jérusalem et la bataille de Gaza livrée le 18 octobre 1244 : Mathieu de Paris, t. IV, p. 299 à 311. Cf. Lenain de Tillemont, op. cit., p. 33 à 45. Voir aussi : Continuation de Guillaume de Tyr, dans Rec. des Hist. des croisades, t. II, chap. xl et xli, p. 561-566.
  3. Psaume LXXVIII, verset 1 à 3.