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XXXIV.
Comment le roy fu malade à Ponthoise[1].

Tantost comme le roy ot oï nouvelles du pape, et il volt mouvoir pour aler à lui, une fort maladie le prist que li fuisicien apellent dissintere[2] ; si jut longuement le roy malade de cele maladie à la ville de Ponthoise. La nouvele ala parmi le païz que le roy estoit malade griefment ; si en furent tuit corroucié, petit et grant. Les barons et les prelaz vindrent hastivement à Ponthoise, et orent grant pitié du roy qu’il trouverent en si povre point. Il demourerent une piece iluec pour savoir que Nostre Sires en feroit, car il virent que la maladie li enforçoit de jour en jour plus forment. Il ordenerent que l’en priast Nostre Seigneur qui tout puet, qu’il vousist donner santé au roy. L’en fist mander par toutes les eglises cathedraus que l’en amonnestast le pueple de fere aumosnes, et feist l’en prieres et porcessions. Onques la maladie ne cessa d’enforcier tant que l’en cuida certainement que le roy feust mort ; et furent tuit esmeu parmi le palais, et commencierent tuit à crier et à pluerer et à regreter leur seigneur, qui tant estoit preudomme et qui tant amoit les povres et deffendoit le menu pueple des granz, que nul ou-

  1. Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 344-347 ; Chronique latine, t. I, p. 197. Cf. Joinville, §§ 106 et 107.
  2. Saint Louis avait contracté les germes de cette maladie dans la campagne du Poitou, où son armée avait été fortement éprouvée (Mathieu de Paris, t. IV, p. 225. Cf. Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. III, p. 58 à 64). Il aurait commencé à être malade vers le 10 décembre 1244.