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ce faire par l’espace de x anz, envoierent iv des plus haus barons de leur terre sus le royaume de Turquie ; si s’en vindrent tout droit à une cité el premier chief de Turquie qui a non Asaron[1]. Asaron, si comme aucun dient, si est en la terre de Hus où Job habita jadis ou temps qu’il vivoit. Quant la cité fu ainsi assegiée, les Turs, qui dedenz estoient, virent qu’il ne pooient avoir secors de leur seigneur le soudan de Babiloine et qu’il ne porroient durer contre si grant foison de Tartarins. Si pristrent conseil ensamble qu’il se rendroient, sauves leur vies et leur biens, en tel condition que les Tartarins les garantiroient contre touz. Et les Turs leur promistrent que il seroient en leur subjection du tout. Pour ces couvenances tenir fermes et estables, les Turs envoierent le baillif de la ville parler aus Tartarins, et les Tartarins l’otroierent et le jurerent à garder et à tenir fermement. Tantost comme il furent entrez en la ville, il ocistrent touz ceus qu’il i trouverent, hommes et fames et enfanz.

D’iluec se partirent et vindrent à une autre cité que l’en apelle Arsegne[2] et firent ces meismes couvenances à ceus de la cité. Si tost comme il furent entrez ens, il mistrent à mort touz ceus qu’il i trouverent, que onques n’en lessièrent i seul en vie, fors ii crestiens[3]

  1. G. de Nangis, Arseron ou Arsarom, auj. Erzeroum, ch.-l. du pachalik d’Erzeroum et de l’Arménie turque. Cette ville aurait été prise par les Tartares en 1242 (Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. III, p. 5).
  2. Arsegne. Vincent de Beauvais : « Arsengana, Arsenga » ; G. de Nangis : « Arsanga », auj. Erzinghian, sur l’Euphrate, au sud-ouest d’Erzeroum.
  3. Vincent de Beauvais (chap. cxlvi) donne les noms de ces