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loient metre en angoisse et qui venoient à Romme pour lui condampner et metre à execution. »

Quant le roy oï la teneur des letres l’empereour, il se merveilla mout que il n’avoit rienz fait pour ses prieres ; si li manda derechief par l’abbé de Cluigni[1], en une letre, en la maniere qui s’ensuit : « Nostre foi et nostre esperance a tenu jusques ci que nulle matire de plait ne de haine peust mouvoir jusques à grant temps entre nostre reanme et vostre empire, quar noz devanciers qui devant nous ont tenu le reanme de France, ont touz jorz amé et honoré la sollempnel hautece de l’empire de Romme ; et nous, qui après sommes, tenons ferme et estable le propos de noz devanciers. Mais vous, si comme il nous samble, rompez l’unité et la conjonction de pais et de concorde qui doit estre gardée entre nous et vous. Voz tenez noz prelaz, qui au siege de Ronme estoient mandé par foi ; et par foy et par fiance ne refuser ne voloient le commandement l’Apostoile, et les feistes prendre en mer ; laquel chose noz portons grief et en sommes dolent. Si sachiez que nous avons entendu par lor letres qu’il ne penssoient à faire chose qui voz feust contraire, ja soit ce que l’Apostoile vosist faire aucune chose contre vous. Puisque il n’ont fait chose qui tourne à vostre grief, il apartient à vostre majesté rendre les et delivrer. Si provez et metez en balance de droit ce que nous vous mandons, et ne voeiliez faire tort par puis-

  1. D’après Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. II, p. 400, Guillaume de Nangis aurait probablement commis une erreur, car l’abbé de Cluny qui, en 1244, devint évêque de Langres, était alors prisonnier de Frédéric II. Cf. Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. II, p. 274.