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honeste, que en ce meisme lieu ouquel Jhesu Criz avoit esté longuement viutoiez et despiz des Juis, en ce meismes lieu, fust-il saintefiez et aourez des crestiens. Ceste chose fist-il contre la volenté des barons.

[1]Quant li chevalier et li borjois et touz li poples virent les ovres le roi si merveilleusses et que il estoit jovenciaus et de bones enfances et plains de bones mors, il rendirent grâces à Nostre Seigneur de ce que il leur avoit doné et envoié en terre à leur tens tel roi et tel seigneur. Et qui diligenment vorroit en lui regarder, il li troveroit les iiii glorieuses vertuz que Moyses commanda que l’on regardast quant on devroit eslire prince[2] : c’est assavoir : puissance, paor de Dieu, amor de verité et detestation d’avarice[3].

Li borjois d’Orliens, pour ce que il voloient ensuivre l’example le roi qui estoit leur sires et leur chiés, firent une eglise d’une synagogue et i establirent provendes là où l’on fait chascun jor le servise Nostre Seigneur, par nuit et par jor por le roi et pour tout le pople crestien, et pour l’estat dou roiaume de France. Cil d’Estampes refirent tout ausi d’une maison qui avoit esté synagogue[4].

    Sully pour y construire une église (H.-F. Delaborde, Recueil des actes de Philippe-Auguste, t. I, no  90).

  1. Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 18.
  2. Exode, chap. xviii, verset 21.
  3. Le royal ms. 16 G VI, fol. 333, ajoute en note pour traduire une phrase de Rigord omise par Primat : « Il estoit en parler très subtil, en jugemens très justes, en responses très saiges et agu, en conseil très pourveu et apert, en gouvernement loyaulz, en touz ses faiz attrempez, aspre à ses ennemis, doulz et debonnaire à ses subgiez. De bonté et de toute honnesteté de meurs très parfaictement adournez. »
  4. Voir dans H.-F. Delaborde, Recueil des actes de Philippe-