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quité es cuers d’aucuns barons de France, et à ce les mena que il firent conspiration contre lui. Chascuns asembla sa force et entrerent en sa terre pour tout metre à destrucion[1].

Moult fu li rois de grant ire embrasez quant il oï ces noveles ; ses oz asembla isnelement et mut contre aus en grant fervor de soi venchier, et les chaça si puissanment et si vertueusement les porsuit, que par l’aide Nostre Segneur, qui merveilleusement i ovra, les mist toz souz pié et les contrainst si par force, que il vindrent tuit à merci et se mistrent haut et bas en sa volenté, come cil qui estoient corpable des chiés, selonc les loys, pour le crime de conspiration. Nostre Sires, qui bien set guerredoner à chascun le bien que il fait, qui nul bien ne trespasse sanz geurredon li fu escuz et defense en la fraude de ses anemis, et dona fort estrif pour ce que il vainquist ; car il out à Dieu sacrées les II premieres batailles que il ot faites au commencement de son regne en l’onor Dieu et de Nostre-Dame, pour sainte Eglise garantir.

  1. Cette révolte contre Philippe-Auguste, auquel Louis VII, alors malade, avait dû remettre le gouvernement du royaume, eut lieu à l’instigation de la reine Adèle et de ses frères, Guillaume, archevêque de Reims, Thibaut, comte de Blois, et Étienne, comte de Sancerre, à l’occasion du projet de mariage de Philippe avec Isabelle de Hainaut, nièce du comte de Flandre. Le roi d’Angleterre, Henri II, qui s’était joint d’abord aux révoltés, réconcilia ensuite les parties et empêcha les hostilités d’éclater. Rigord a sans doute confondu les événements de 1180 avec la révolte des seigneurs survenue l’année suivante (Rigord, éd. H.-F. Delaborde, p. 18, note 3).