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eglises, leur firent mainz gries et mainz domages. Li clerc et les religions firent asavoir ceste chose au roi en complaignant. Quant il sout ceste chose il fu esmeuz et entalentez de la honte adrecier[1] ; il entra en leur terres, tout destruit et gasta, chastiaus abati et prist proies ; si vertueusement les frainst et donta que il les contrainst à ce que il rendirent aus eglises tout quanque il avoient tolu à force, et rendi la pais temporel aus religions[2] ; à leur oresons se recommanda, puis il s’en parti atant. Bien doit toute sainte Eglise proier pour l’ame de lui, car il fu toz jors champions très aparelliez pour li garantir et defendre. Il confondi et destruist les Juis qui sont pervers anemi de la foi chrestiane ; il pugni et bouta hors de la conmunité de sainte Eglise les hereses qui mal sentent des articles de la foi ; pour lesquels choses, ses bones euvres sont establies en Nostre Seigneur et doit toute sainte Eglise raconter et retraire ses faiz et ses diz pour exemple doner au monde.

[3]En cel an maismes, avint que li anemis de pais, qui moult est dolenz quant il voit concorde regner entre les princes, pour ce que de la dissension de tels genz aviennent sovent plus de maus que il ne feroit dou descort dou menu pople, soufla l’esperit d’ini-

  1. La honte adrecier, réparer la honte.
  2. Voir dans Martene et Durand, Veterum scriptorum amplissima collectio, t. I, col. 944, le traité conclu à Pierre-Perthuis (Yonne, arr. d’Avallon, cant. de Vézelay) au mois de septembre 1180 pour terminer le différend qui s’était élevé entre l’évêque et les clercs de Mâcon, d’une part, et Girard, comte de Vienne, d’autre part (cf. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, no  3, et Cartellieri, op. cit., t. I, p. 84).
  3. Rigord, Gesta Philippi Augustini, § 9.