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povres non et souffreteus, qui pense tant seulement de ses propres choses et met en negligences les choses communes[1]. Et pour ce, vot li peres metre conseil en cete chose ou roiaume d’Aquitaine ; mais moult se doutoit que li baron dou païs ne conceussent haine et male volenté vers son fil se il leur soustraoit par sens ce qui leur avoit esté souffert et otroié par folie. Pour ce, vout-il que ceste besoigne fust faite ausi comme de par lui. Ses propres messages[2] envoia là pour ce faire : Wilebert, qui puis fut arcevesques de Rouan, et le conte Richart[3], proveoor et ordoneoor de ses viles, et leur commanda que les viles qui jusques au jor de lors avoient servi aus us dou palais fussent rendues et restablies aus communs us dou païs et dou pople. Ensi fu fait.

[4]Et tantost comme li rois Looys ot receuz les messages son pere, il mostra bien le sens et la misericorde

  1. Le sens de la phrase latine a été mal rendu. L’Astronome veut faire ressortir que le roi se trouvait privé presque de toutes ressources, parce que les grands du royaume d’Aquitaine étaient plus préoccupés de leurs intérêts que de l’intérêt général : « Qui cum, primovere a patre dimitteretur, interrogatus ab eo est, cur rex cum foret, tantæ tenuitatis esset in re familiari, ut nec benedictionem quidem nisi ex postulato sibi offerre posset ; didicitque ab illo quia privatis studens quisque primorum, negligens autem publicorum, perversa vice, dum publica vertuntur in privata, nomine tenus dominus factus sit omnium indigus. »
  2. Ce sont des missi dominici.
  3. Ce comte Richard était de la famille d’Angilbert, époux de Berthe, fille de Charlemagne, et père de Nithard (Nithard, Hist., liv. IV, chap. v. — Cf. Mabillon, Annales Ord. S. Benedicti, t. II, p. 266, liv. XXV, chap. xxxviii).
  4. Vita Hludowici imperatoris, chap. vii.