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qui bien sot que il n’avoit pas pooir, à son oncle requist pais. Foiz et sairemenz donerent li i à l’autre et puis si s’en retorna. Quant li rois Loys de Germanie vit que si dui fil n’avoient riens fait contre leur oncle, il meismes prist son fil[1] et son ost, et s’en vint devant Atigni. Si le fist par le conseil Engerran qui chambellens avoit esté au roi Kalle[2], mais par la roine Richeut ot esté getez de cort, et ce fist-il par mal de lui, que il veoit bien que li rois n’estoit pas ou païs et que ele estoit seule demorée. Lors manda la roine les plus granz homes du roiaume son segneur et leur fist jurer que il iroient contre le roi Loys. Le sairement firent, mès il ne le garderent pas, comme faus et mauvès, car il meismes gasterent le roiaume que il avoient juré à garder[3]. Après ce que li rois Loys ot ensi adomagié le roiaume Kalle son frere, tandis com il n’estoit pas ou païs, par l’aide et par le conseil des plus granz homes du roiaume maismes, il s’en ala à Atigni et fist la feste de la Nativité, puis s’en ala par la cité de Treves à Franquenehourt et enmena ovec lui aucuns des barons du roiaume Kalle son frere, qui à lui s’estoient joint et alié. Là demora tot le karesme, jusques après la Résurrection. Avant que il

  1. Latin « cum hoste et filio æquivoco suo Hludowico », c’est-à-dire Louis, deuxième fils de Louis le Germanique, qui, après la mort de son père, devint roi de Saxe.
  2. Les Annales de Saint-Bertin lui donnent le titre de « camerarius et domesticus Caroli regis ».
  3. Voir, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. VII, p. 462, les lettres du 17 février 876, par lesquelles Jean VIII félicite les évêques et les comtes qui restèrent fidèles à Charles le Chauve, et p. 463, celles qu’il adressa le même jour aux évêques qui l’abandonnèrent, leur enjoignant, sous peine d’excommunication, de se remettre sous son autorité.