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Bretagne. Pour ce le fist que il ne voloit pas que li Normant, qui avoient assise la cité d’Angiers, s’aperceussent que il alast seur eus, car tost s’en fussent fui en tel lieu où il ne les peust pas contraindre. Puis que il fu meuz en cele besoigne, vint à lui un message qui li conta que ses freres Loys, li rois de Germanie, avoit fait par quoi Kallemaine[1] ses fiuz estoit eschapez de Saint Pere de Corbie où il estoit en prison, et s’estoit à lui acompagniez en son contraire et en sa nuisance par le consentement de II faus moines et de sa gent meismes[2]. De ce, fu li rois moult corrociez, mais pour ce, ne lessa-il pas cele besoigne que il avoit enprise, ainz s’en ala à Angiers[3] et assist les Normanz dedenz, qui ja avoient destruites maintes citez et maint chastel, et maintes eglises et abbaïes si destruites et arses que il avoient tout rasé à terre. D’autre part, estoit Salemons, li dux de Bretagne, qui en l’aide le roi estoit venuz ; et il et ses oz estoit logiez seur un flum qui est apelez Maene[4] ; et tandis comme li rois estoit à ce siege,

  1. Carloman, auquel son père Charles le Chauve fit crever les yeux, avait été enfermé à Corbie.
  2. Les Annales de Saint-Bertin donnent le nom d’un de ceux qui favorisèrent sa fuite, « cohærente et interveniente Adalardo ». Cet Adalard était probablement comte de Metz (voir R. Parisot, le Royaume de Lorraine sous les Carolingiens, p. 404 et 413). Carloman devint ensuite abbé de l’abbaye d’Echternach, où il mourut en 877 ou, au plus tard, en 878 (Ibid., p. 404, n. 4).
  3. D’après la Chronique de Réginon, année 873, les Normands avaient trouvé la ville d’Angers abandonnée par ses habitants, « Andegavis civitatem, civibus fuga dilapsis, vacuam reperientes, ingrediuntur », et s’y étaient établis avec leurs femmes et leurs enfants.
  4. La Maine, qui était alors considérée comme la limite du