Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chastiaus et les villes et le païs tout degasta. Après ce, envoia à son pere IIII messages fausement et par coverture, et li manda que volentiers vendroit à lui à merci et amenderoit et vers Dieu et vers lui quanque il avoit meffait. Mais tant seulement eust merci de ceus qui ovec lui estoient, ne pour ce ne se vout ainques tandis tenir de mal faire. Li rois retint II de ces messages, et ovec les autres II envoia Gaulin, l’abbé de Saint Germain[1], et le conte Baudoin[2] qui serorges estoit Kallemanne maismes. Par ces II li manda certaineté que seurement povoit à lui venir se il voloit. Lors faint par tricherie et li manda que il vendroit à lui, et envoia derechief à son pere autres messages pour requerre ce qui ne povoit estre, et tandis s’esloigna du païs et s’en ala vers la cité de Toul[3]. A ses barons requist li rois jugement de ceus qui son fil li avoient ensi forstrait et aliéné (qui estoit dyacres de sainte Eglise), et qui si grant torment et si grant destruction avoient fait en son roiaume. Lors furent jugié et dampné à recevoir mort, et li rois commanda que leur terres et leur fié fussent pris et saisi en sa main. Après ce, ordena comment ses fiuz et tuit li maufaiteur qui

  1. Gozlin, fils de Roricon, comte du Maine, devint chancelier de Charles le Chauve, puis évêque de Paris. Il défendit cette ville contre les Normands avec le comte Eudes et mourut le 16 avril 886 (voir Édouard Favre, Eudes, comte de Paris et roi de France, p. 26-54).
  2. Ce personnage est Baudouin, surnommé Bras-de-Fer, qui enleva Judith, fille de Charles le Chauve, et devint ensuite comte de Flandre (Baudouin Ier). Il mourut sous l’habit monastique en l’abbaye de Saint-Bertin en 879.
  3. Les Annales de Saint-Bertin disent seulement qu’il se dirigea vers le Toulois, « et ipse in partes Tullenses perrexit ».