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roiaume Lothaire, si com il li avoient mandé, et dist à touz asavoir que il seroit à Gondolvile[1], dedenz la feste saint Martin, pour recevoir ceus qui à lui devoient venir de Provence et de la parfunde Borgoigne[2]. Et quant il fu à Es, nus ne vint à lui que il n’eust avant ce receu. De là se parti et s’en vint à Gondelvile en son palais, si com il avoit devant ordené. Avant que il s’en partist, reçut les messages l’apostoile Adrien[3]. Cil messages estoient dui evesques ; si avoit non, li uns Paule et li autres Leon, et ne venoient pas au roi tant seulement, mais aus princes et aus prelaz du roiaume. La forme du mandement estoit tele, que nus mortiex ne fust si hardiz que il entrast ou regne qui jadis out esté Lothaire, et qui par droit devoit venir à la main son fil espirituel, ne qui osast troubler ne molester les homes du roiaume[4], ne forstrere par promesses ou par dons. Et se nus le fesoit autrement, ce que il feroit ne seroit pas tant seulement anoienti par s’auctorité, ainz seroit cil qui ce feroit escommeniez et desevrez de la compagnie de sainte Eglise. Et se aucuns des evesques

  1. Gondolvile, aujourd’hui Gondreville, Meurthre-et-Moselle, arr. et cant. de Toul.
  2. « Et de superioribus partibus Burgundiæ. »
  3. Le pape Adrien II envoya plusieurs lettres le 5 septembre 869 pour protéger l’ancien royaume de Lothaire par l’entremise des évêques Paul et Léon ; les unes aux grands du royaume de Charles le Chauve, les autres aux évêques de son royaume et d’autres à Hincmar, archevêque de Reims (Jaffé, éd. Wattembach, Regesta pontificum romanorum, t. I, nos 2917 à 2919 ; ces lettres sont publiées dans Migne, Patrologie latine, t. CXXII, col. 1291-1294, nos 20, 21 et 22 ; voir aussi le no 23, col. 1295).
  4. « Ne par guerre contraindre, si que autre preissent en roy que son filz » (royal ms. 16 G VI, fol. 220 vo, en note).