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oïrent ce dire, il manderent à la gent du païs que il leur donassent une grant somme d’argent, de forment, de vin et de bestes, se il voloient avoir ne pais ne trieves à eus.

En la ville de Duci[1] estoit li roi Kalles quant il oï noveles, par certain message, de la mort Hermentruz[2], sa fame. En l’abaïe de Saint Denys en France trespassa, et laienz meismes fu ensepouturée[3]. Lors manda li rois à Theuberge, qui fame out esté le roi Lothaire, que ele li envoiast sa fille Richeut[4], par Bosom le fil le conte Bivin, qui freres estoit à cele Richeut. Une piece du tens la tint sanz espouser[5], ausi comme concubine. Mais il l’espousa puis, si comme l’estoire dira ci après. A celui Boson, son frere, dona l’abaïe de Saint Morise[6] et toutes les apartenances, puis s’en ala à Es la Chapele et emmena ovec lui cele Richeut et se hasta moult d’aler pour recevoir le remanant des homages du

  1. Duci, aujourd’hui Douzy, Ardennes, arr. de Sedan, cant. de Mouzon.
  2. Hermentrude, femme de Charles le Chauve, fille d’Eudes, comte d’Orléans, mourut le 6 octobre 869.
  3. Le ms. 16 G VI, fol. 220 vo, ajoute en note : « par l’ordenance Boso, filz Vincri le conte », ce qui est une faute.
  4. Les Annales de Saint-Bertin, année 869, disent seulement que Richilde était sœur de Boson : « exequente Bosone, filio Buvini quondam comitis, hoc missaticum apud matrem et materteram suam Theutbergam, Lotharii regis relictam, sororem ipsius Bosonis nomine Richildem, mox sibi adduci fecit et in concubinam accepit » (cf. Robert Parisot, le Royaume de Lorraine sous les Carolingiens, p. 351 et 352).
  5. Le ms. 16 G VI ajoute en note : « si que du tout au dyable feust donné et accompaigniez ».
  6. Il est douteux que ce soit Saint-Maurice en Valais, car à cette date cette abbaye n’appartenait pas à Charles le Chauve (R. Parisot, op. cit., p. 352).