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il rapela d’essil touz ceus qui estoient si traiteur et qui estoient convaincu de traïson et de conspiration contre li. Si ne leur dona pas tant seulement la vie et les membres que il avoient perdu par jugement selonc les loys, ainz leur rendi entierement leur terres et leur possessions. Alart[1], l’abbé de Saint Pere de Corbie, qui estoit ausi comme en essil ou mostier Saint Philebert, rapela en s’eglise et en son office, et Bernart, un sien frere qui ausi restoit ou mostier Saint Beneoit, rapela et envoia en son propre lieu. Ces choses ensi faites et ordenées[2], il envoia son fil Lothaire pour yverner en Dalmacie, et il retorna à Es la Chapelle.

[3]En l’an qui après fu[4], asembla parlement en un lieu qui a non Atigni[5]. A cele assemblée furent evesque et abbé et maint autre menistre de sainte Eglise, et si i furent ausi li baron dou roiaume. Là se reconcilia et apaisa à touz ceus que il avoit fait tondre en religion contre leur volenté et à touz ceus que il cuidoit avoir de riens grevez, tout l’eussent-il deservi, et confessa et dist devant touz que il s’estoit vers iaus meffaiz, et

  1. Adalard, abbé de Corbie, conseiller de Charlemagne, auteur d’un traité sur l’administration palatine dont Hincmar s’est inspiré dans son De ordine palatii, et de Status pour l’abbaye de Corbie (le Moyen Âge, 1900, p. 333-386). Sa vie, écrite par son disciple Paschase Radbert, a été publiée par Mabillon : Acta Sanctorum Ordinis Sancti Benedicti, sæc. iv, t. I, p. 306 et suiv. D’après P. Radbert (§ 45), Adalard aurait été exilé pendant sept ans, soit depuis 814, à Noirmoutier.
  2. « Et aucunes autres qui estoient requises pour le prouffit commun » (royal ms. 16 G VI, en note).
  3. Vita Hludowici imperatoris, chap. xxxv.
  4. Année 822.
  5. Voir le texte du capitulaire d’Attigny, du mois d’août 822 (Mon. Germ. hist., Leges, t. I, p. 231).